La forêt est un concept universel qui ne repose sur aucune définition universelle car il dépend avant tout de la perception de chacun et du biome considéré.
La forêt n'est ni pauvre ni riche, elle n'est ni sèche ni humide.
La forêt est un écosystème indivisible dans le temps comme dans l'espace. Elle couvre une large gamme de milieux de vie, depuis les milieux secs jusqu'aux milieux humides. La forêt est une entité dynamique qui grandit, meurt et se régénère. En même temps, elle évolue en suivant la succession écologique depuis la forêt secondaire contenant de nombreux jeunes arbres appartenant à peu d'espèces jusqu'à la forêt mature contenant peu d'arbres et beaucoup d'espèces.
Dans ce travail, la "forêt" est définie comme l'ensemble des formations arborées qui forment une canopée continue ne permettant pas de distinguer le sol sur les images aériennes. Tous les motifs de la canopée sont réunis dans le terme général de forêt sans distinguer la composition floristique. La définition de la forêt s'appuie ici sur celle proposée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO - Food and Agriculture Organisation) qui ne distingue pas les composantes, mais uniquement la structure (une superficie minimale de 0.5 ha, une hauteur minimale de 5 m et une densité >10 %), définition que nous adaptons en excluant les formations pour lesquelles le sol est visible.
L'étude de la forêt en tant qu'écosystème indivisible s'appuie sur les méthodes de cartographie, semi-automatisées et manuelles, entrecoupées de plusieurs phases de validation. Pour aboutir à une carte de la forêt, notre travail s'est appuyé sur les données cartographiques antérieures, issues de photo-interprétation et/ou d'analyses radiométriques d'images satellitaires. Cette compilation a permis de construire un support cartographique à partir duquel nous avons entrepris la digitalisation par photo-interprétation de chaque polygone à l'échelle de 1:3000 selon le système géodésique universel WGS84 (ESPG:4326). Pour le moment, cette carte n'inclut pas la forêt de la province des îles (Birnbaum et al., 2024)
Toutes les analyses liées à la forêt portent sur cette carte. Les limites (commune, forêt, substrat, milieux de vie, classe altitudinale, aires de conservation, périmètre de protection éloigné des eaux (PPE), concessions minières) sont autant d’unités géographiques qui peuvent être utilisées pour évaluer la place de la forêt
En Nouvelle-Calédonie la forêt a subi 150 ans de pression diverses liées aux activités humaines telles que l’exploitation forestière, l’industrie nickélifère, l’urbanisation, les feux et les invasions biologiques. Ces activités ont entrainé une diminution, une dégradation et une fragmentation de la forêt qui se poursuit activement de nos jours.
Aujourd’hui la forêt couvre environ 5 400 km², soit 1/3 du territoire, dont 2 200 km² en province Sud et près de 3 200 km² en province Nord. La couverture forestière est plus importante sur les substrats non-ultramafiques (37 %) que sur les substrats ultramafiques (23 %). Globalement, elle augmente avec l’humidité, passant de moins de 10 % dans le milieu sec à près de 58 % dans les zones les plus pluvieuses.
Avec près de 8000 km², la zone de vie humide représente la moitié de la superficie de la Grande-Terre et concentre plus de 56 % de toute la forêt. Elle est plus importante en province Nord. Enfin, bien que la province Sud présente une proportion supérieure de forêt de cœur, elle détient également une part plus élevée de forêt de lisière.
Alors que plus de 60 % de la superficie de la Calédonie se situe à moins de 300 m d’altitude, cette tranche altitudinale contient pourtant moins de 1/3 de la forêt. Au contraire, bien que la superficie disponible au-delà de 800 m ne représente que 0.3 % de la Calédonie, la forêt de cette classe altitudinale représente plus de 12 % de la forêt totale.